Une pensée pour Tiphaine
samedi 13 décembre 2008
La cour tentera de comprendre, comment une jeune fille de 18 ans a été tuée, le 26 décembre 2005. Six personnes seront dans le box des accusés.
Une jeune fille de 18 ans avait été battue à mort, le 26 décembre 2005 à L'Aigle. Son corps avait été retrouvé par les pompiers chez une de ses amies, dans une petite maison de la rue de Mérouvel. Tiphaine Beaugrand, élève en terminale au lycée Napoléon, portait de nombreuses traces de coups sur le visage. Les pompiers avaient été appelés pour un « malaise » mais à leur arrivée, ils ont tout de suite compris qu'il s'agissait de tout autre chose.
Un différend sentimental serait à l'origine de la dispute qui a dégénéré. Plusieurs personnes y ont pris part. Dès le début de l'enquête, il était apparu que le corps de la victime avait été transporté dans le coffre d'une voiture avant d'être ramené dans la maison. Six personnes seront dans le box des accusés, du 20 au 23 janvier.
L'occupante de la petite maison du drame, Lenaïg Foutrel, amie de la victime avec qui elle s'était disputée, est accusée de meurtre. Quatre autres personnes sont accusées de meurtre, de non-assistance à personne en danger et de modification de l'état des lieux d'un crime ou d'un délit. Il s'agit de Claude Renault (un ami de Lenaïg), de Mathieu Foutrel (le frère), de Marie-Louise Foutrel (la mère) et de Céline Foutrel (la soeur). Un homme est également accusé de modification de l'état des lieux d'un crime ou d'un délit.
Pendant quatre jours, les assises de l'Orne jugent six personnes pour le meurtre de Tiphaine Beaugrand en 2005.
Elles se déchiraient les faveurs du même garçon. Tiphaine Beaugrand et Lénaïg Foutrel en sont venues aux mains le 26 décembre 2005, dans un appartement à L'Aigle. La première, alors âgée de 18 ans, n'a pas survécu aux coups. La seconde est jugée pour son meurtre, pendant quatre jours, par la cour d'assises de l'Orne. Les jurés devront déterminer dans quelles circonstances Tiphaine est morte.
Pour l'avocat de Lénaïg, Me Bouguetaïa, sa cliente a perdu « tout contrôle pendant deux minutes. Elle a explosé ». Pour autant, « elle ne voulait pas tuer Tiphaine qui était son amie ». Il compte plaider la requalification du chef d'accusation en coups mortels ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Cinq autres personnes seront dans le box des accusés : un ami de Lénaïg, sa mère, son frère, sa soeur et son beau-frère. Ils sont accusés de meurtre, non-assistance à personne en danger ou modification de l'état des lieux d'un crime.
Après avoir été meurtri par les coups, le corps de Tiphaine a été manipulé à plusieurs reprises, transporté dans le coffre d'une voiture une dizaine de kilomètres, avant d'être replacé dans l'appartement. C'est là que les secours, appelés pour un malaise, l'ont trouvé. Ils n'ont pu que constater le décès de la jeune femme.
Second jour du procès de la mort de Tiphaine Beaugrand, hier aux assises. La principale accusée n'a pas réussi à expliquer pourquoi elle a frappé puis transporté le corps de sa victime au lieu d'appeler les secours.
Lénaïg n'a pas compté les coups qu'elle a portés à Tiphaine Beaugrand l'après-midi du 26 décembre 2005, dans son appartement de L'Aigle.
Hier, au second jour du procès, le chirurgien légiste est venu combler les failles de sa mémoire : lors de l'autopsie pratiquée sur le corps de la victime, il a relevé les traces consécutives à « quatre coups de pied particulièrement sauvages », au moins six coups de poing violents au visage et des morsures faites par le rottweiller de Lénaïg Foutrel.
« Elle était à terre, j'ai tapé »
Lénaïg se souvient d'une gifle flanquée à Tiphaine quand celle-ci, qui venait de lui avouer entretenir une liaison avec le père de ses enfants, a mis en cause ses qualités de mère. Une gifle suivie d'une bagarre. « Elle était à terre, je lui ai donné des coups de pied au visage. J'ai continué de la taper, je ne me suis pas rendue compte qu'elle était inconsciente. »
« L'intention criminelle, ça s'apprécie au moment où on commet les coups, remarque le président. Un déchaînement de violences extrêmement importantes dans une zone vitale, c'est ça l'intention homicide. Le meurtre, c'est l'échec de la parole. »
Lénaïg a frappé fort. Mais « aucune blessure n'était intrinsèquement mortelle si la victime avait été soignée dans un délai raisonnable », explique le légiste.
Une heure s'est écoulée entre la bagarre et l'arrivée des secours au domicile de la jeune femme. Des dizaines de minutes pendant lesquelles Lénaïg a déplacé le corps de sa victime, dans le coffre de sa voiture.
« Ça ne colle pas »
« Je ne sais pas pourquoi je l'ai mis dans le coffre », sanglote la jeune femme. Au volant, elle part retrouver un ami, sur son lieu de travail. Elle ne lui révèle pas la présence du corps dans le coffre immédiatement, elle profite d'un endroit reculé pour le faire. « Il a refermé le coffre et m'a dit « On la ramène chez toi ». »
Sur la route, elle utilise le téléphone de Tiphaine pour rassurer la mère de Tiphaine, appeler son ancien compagnon et enfin prévenir sa famille qu'elle a « fait une bêtise ». Sa mère, sa soeur, son beau-frère et son frère viendront l'attendre devant chez elle (1). Ils sont également jugés pour ne pas avoir prévenu les secours à ce moment-là.
Pourquoi avoir appelé cet ami ? « Parce qu'il était pompier, je me suis dit qu'il saurait quoi faire », avance l'accusée. Carole Etienne, l'avocate générale, ne laisse pas passer : « quand vous appelez votre ami pompier, vous ne lui demandez pas quoi faire », et « mettre un corps plié dans un coffre au milieu de nombreux outils, ce n'est pas une position de secours non plus. »
« Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, j'étais paniquée », répète Lénaïg. Le président Locu écoute ses explications et trouve que « ça ne colle pas ». « Alors que vous avez un corps dans votre coffre, vous avez suffisamment de sang froid pour appeler du monde. Ça ne colle pas avec quelqu'un qui panique. La thèse de la panique est moins séduisante sur le plan intellectuel que le sang-froid dont vous auriez pu faire preuve en vous rendant compte de la gravité de la situation et en voulant faire disparaître le corps. » L'accusée nie toute intention de ce genre.
« Nous sommes obligés de prendre vos déclarations avec beaucoup de recul, répond le président. Vous avez beaucoup menti depuis le début de l'affaire. »
Stéphanie SÉJOURNÉ-DUROY.
Carole Etienne, avocat général, vient de requérir une peine de 20 années de réclusion criminelle pour Lénaïg Foutrel pour le meurtre de Tiphaine Beaugrand en décembre 2005. Pour non-assistance à personne en danger et modification de l'état des lieux d'un crime, elle demande des peines allant de 4 ans de prison dont 3 assorties d'un sursis à 1 an de prison avec sursis pour les cinq autres accusés. Le verdict est attendu ce soir.
Le procès des six accusés dans le dossier du meurtre de Tiphanie Beaugrand, à L’Aigle, en décembre 2005 s’achèvera ce soir devant les assises de l'Orne. Lénaïg Foutrel, la principale accusée, encourt trente année de réclusion pour avoir frappé à mort celle qu’elle considérait comme son amie. Les autres accusés sont jugés pour ne pas avoir porté assistance à la victime puis modifié l’état des lieux du crime. L’avocat général va faire ses réquisitions en fin de matinée.
Au terme d’un délibéré de plus de cinq heures, les jurés de la cour d’assises de l’Orne ont reconnu Lénaïg Foutrel coupable du meurtre de Tiphaine Beaugrand. Elle est condamnée à 17 ans de réclusion criminelle.
Jugé pour non-assistance à personne en danger et modification de l’état des lieux d’un crime, son frère est relaxé. Les autres accusés sont condamnés à des peines de prison avec sursis allant de 3 ans à neuf mois.